UN LIVRE D’OR MASSIF
Parcourez l’histoire des Grands Interprètes sur dezede.org
Dezède est un outil de recherche et de valorisation dédié à l’archivage
et à la chronologie des spectacles.
« Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait », a écrit Mark Twain comme s’il racontait les aventures de Grands Interprètes à Toulouse. Tout a commencé au début des années quatre-vingt. Catherine d’Argoubet lançait Piano aux Jacobins. Thierry d’Argoubet travaillait chez IMG Artists. Alors ils ont eu l’idée folle de lancer une saison de concerts de prestige à la Halle aux Grains. Du niveau des plus grandes capitales du monde, et encore pas toutes.
Les dés ont été lancés dans l’inconscience de la jeunesse avec Alexis Weissenberg. Sans un sou de subvention. Carré d’as : salle pleine et public enthousiaste. L’année suivante, une saison a pris corps. La ville de Toulouse, le Département et la Région ont débloqué des fonds de subvention. Ivry Gitlis et Pierre Barbizet ont ouvert le cortège dans lequel Maria João Pires, François-René Duchâble, Nikita Magaloff et Paul Tortelier se sont immiscés. Grands Interprètes était né. Sans usurper son nom. Chaque année, un nouveau cap de franchi, des risques pris et couronnés de succès. Le public est venu au rendez-vous. Comme si un rêve commun était en train de prendre corps.
Thierry d’Argoubet s’est rendu en Italie et a pu rencontrer Carlo Maria Giulini. Non seulement le maestro de légende a accepté de venir avec l’Orchestre de la Scala de Milan, mais il est revenu. Impossible d’oublier un Sacre du printemps ou une Septième de Beethoven d’anthologie. Cela a suffi pour placer Toulouse sur la carte des grands circuits du monde libre.
Pour le dixième anniversaire de Grands Interprètes, l’affiche donne le tournis. Comment avoir réussi à convaincre Valery Gergiev de diriger Boris Godounov, Sadko et le Requiem de Verdi avec la troupe du Mariinski au grand complet ? Et l’Orchestre philharmonique de Vienne dirigé par Bernard Haitink dans la Huitième Symphonie de Bruckner, et Philippe Herreweghe dans la Missa solemnis de Beethoven, et Barbara Hendricks, et le Beaux Arts Trio, et l’Orchestre national de France dirigé par Charles Dutoit… Un festival permanent !
Une relation d’amitié s’est forgée avec les artistes. Pour Martha Argerich, Toulouse représente « un endroit très spécial ». Ses concerts avec Nelson Freire restent dans toutes les mémoires. La venue de Slava Rostropovitch ou de Yehudi Menuhin ont marqué les consciences.
La relation avec les artistes russes a permis l’arrivée de Tugan Sokhiev à l’Orchestre du Capitole de Toulouse. Jusqu’au couronnement du « tsarévitch » avec le Bolchoï de Moscou dans la Ville rose. Les plus grands chefs (Nikolaus Harnoncourt, Zubin Mehta, Riccardo Muti, Yuri Temirkanov…) ont participé à l’aventure, bientôt suivis des jeunes loups de la baguette (Yannick Nézet-Séguin, Gustavo Dudamel…) Les Grands Interprètes ont soutenu l’œuvre humanitaire de J. A. Abreu en invitant tous les orchestres de jeunes d’El Sistema. Des concerts à l’hôpital ont mobilisé Philippe Bianconi, Renaud Capuçon, Edgar Moreau… Quarante ans d’excellence et de générosité n’ont pas fini de nous émerveiller et de nous émouvoir.
Olivier Bellamy